Au Canada, nous “charbonnons” pour un futur décarboné

Alors que le GIEC¹estime qu’il n’est possible d’atteindre les objectifs en neutralité carbone fixés par l’Accord de Paris que par le biais d’une séquestration massive² de CO₂, le biochar fait figure d’or noir. Ce concentré de carbone d’origine végétale incarne la volonté de SUEZ de lutter contre le dérèglement climatique, avec une technologie à émission négative pleine de potentiel. C’est au Canada que nous le produirons à grande échelle.

SUEZ s’est associé à Airex Energie et le Groupe Rémabec pour annoncer la création de la toute première usine industrielle de biochar à Port-Cartier au Canada. Propriété de la co-entreprise CARBONITY détenue à parts égales par les trois partenaires, l’unité de production sera mise en service fin 2024. À plein régime elle créera 75 emplois dans la région. Elle disposera d’une capacité initiale de production de 10 000 tonnes par an, triplée d’ici 2026 pour en faire la plus grande usine de biochar d’Amérique du Nord et l’une des plus importantes au niveau mondial.

Alchimistes d’un “nouvel or noir”

Cette première réalisation permettra de produire un biochar riche en carbone à hautes qualités environnementales, à partir de la biomasse résiduelle des activités de sciage du Groupe Rémabec. En effet, les résidus végétaux du leader de l’industrie forestière québécoise (qui émettraient à terme des gaz à effet de serre s’ils étaient laissés à l’état naturel), seront chauffés à des températures comprises entre 500 et 700°C sans oxygène ; cette technique de pyrolyse concentre et stabilise le carbone dans le biochar, l’empêchant ainsi d’être libéré dans l’atmosphère lors de la décomposition naturelle de la biomasse.

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Le grand potentiel du biochar

Nous émettons 60 milliards de tonnes de gaz à effet de serre chaque année dans le monde, le dioxyde de carbone en représentant près de 75%. En plus de l’objectif de réduire ces émissions de moitié, l’élimination de 10 milliards de tonnes de CO₂ par an de l’atmosphère grâce aux technologies à émissions négatives (NET) est indispensable pour atteindre la neutralité en 2050 et ainsi éviter une instabilité incontrôlée du climat. Étant donné que la photosynthèse des plantes et les océans absorbent déjà plus de 25 milliards de tonnes³, le biochar apparaît comme une option efficace pour conserver une partie de ce carbone naturellement capturé dans une fourchette estimée entre 1 et 2 milliards de tonnes par an.

Considéré par certains comme le “nouvel or noir”, le biochar présente, outre la séquestration du carbone, des caractéristiques et des utilisations avantageuses à bien des égards pour divers secteurs d’activité. Grâce à ses propriétés physico-chimiques, il régénère les sols et renforce leur fertilité, en améliorant leur potentiel d’aération, diminuant leur toxicité, limitant l’utilisation d’engrais et préservant les ressources en eau. Deuxième exemple parmi tant d’autres, lorsqu’il est ajouté aux formulations de béton ou d’asphalte, le biochar apporte de nouvelles fonctionnalités au matériau final tout en contribuant à réduire son empreinte carbone, un enjeu clé pour le secteur de la construction. Par ailleurs, le surplus d’énergie généré par la production de biochar à haute température, converti sous forme de vapeur ou d’huile de pyrolyse, peut être directement réutilisé sur place ou par les industries locales.

En transformant les résidus forestiers et agricoles en puits de carbone et en amendement des sols, SUEZ crée de la valeur sur l’ensemble du cycle de vie de la matière. Une fois stabilisé dans la matrice du biochar, le carbone devient un vecteur clé et unique de l’économie circulaire.

Yves Rannou , Directeur Division Recyclage & Valorisation, Vice-Président exécutif

350 000 tonnes par an de capacité installée de biochar d’ici 2035

Cette initiative inédite au Canada est un bel exemple de synergie entre engagements et savoir-faire, associant les technologies de pyrolyse CarbonFX-HT™ développées par Airex Energy et la large expertise opérationnelle de SUEZ, leader mondial de la transformation et de la valorisation des déchets organiques, des amendements et biofertilisants agricoles.

Le projet, qui bénéficie de l’appui financier des gouvernements du Québec et du Canada, permettra de séquestrer à plein régime 75 000 tonnes de CO₂ par an. La production de biochar sera soutenue par l’émission de crédits carbone garantis⁴, certifiés et commercialisés sur le marché volontaire par First Climate, l’un des principaux fournisseurs mondiaux de services de gestion du carbone et d’énergie verte pour les entreprises et le secteur public. D’ici 2035, le portefeuille d’usines développé par Airex Energy et SUEZ vise à produire annuellement 350 000 tonnes de biochar.

Ecoutez le podcast

¹Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat
² 2 milliards de tonnes de CO₂par an en 2030, puis 10 milliards par an en 2050 – McKinsey Sustainability “Innovating to net zero: an executive’s guide to climate technology”, octobre 2021
³ Brut : Le biochar, vers une solution pour réduire nos émissions de CO2 – 25/04/2023
⁴ Un crédit carbone est créé lorsqu'un projet réduit les émissions ou élimine le dioxyde de carbone de l’atmosphère. Il est égal à une tonne métrique de CO₂, ou son équivalent en autres GES.