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On se bat déjà pour l’eau. On le fera malheureusement de plus en plus.
Votre dernier ouvrage s’appelle Guerre et eau. Faire la guerre pour l’eau, est-ce nouveau ?
De la Première Guerre mondiale à aujourd’hui, Guerre et eau est le premier essai destiné au grand public sur l’importance stratégique des ressources en eau dans la conduite de la guerre. Prenant appui sur des archives militaires et des sources diplomatiques inédites, Franck Galland offre à la fois un éclairage nouveau sur les conflits qui ont traversé et traversent notre monde ainsi qu’une meilleure compréhension des enjeux géopolitiques que portent les ressources naturelles.
Y a-t-il d’autres raisons à ces conflits ?

La pression sur la ressource, le changement climatique et l’explosion démographique sont les raisons principales des conflits liés à l’eau.
Frank Galland , Experts français sur les questions sécuritaires liées aux ressources en eau
Dans vos différents ouvrages, vous évoquez régulièrement la “diagonale de la soif”. De nouveaux territoires sont-ils ou vont-ils être touchés ?
Cette diagonale est donc loin d’être figée ?

La diagonale de la soif s’étend voire s’intensifie, notamment en Inde. La Chine multiplie les efforts pour en atténuer les effets.
Frank Galland , Experts français sur les questions sécuritaires liées aux ressources en eau
La Chine est-elle une exception ou d’autres pays ont-ils également réagi ?
En 2016, les investissements mondiaux dans la recherche des économies sur l’acheminement et le traitement de l’eau ne représentaient que 2,6 % des 455 milliards de dollars consacrés à la lutte contre le changement climatique. Pourquoi ce désintérêt ? Y a-t-il eu des évolutions depuis 2016 ?
Dans notre pays, le débat sur l’eau se focalise trop souvent sur le seul tarif de l’eau, alors qu’un délégataire ou un opérateur public doit pouvoir faire son travail dans des conditions lui permettant de bien gérer l’infrastructure existante et de préserver efficacement la ressource. Trop de territoires arrivent à des situations de ruptures par manque de vision et d’engagement. Faute de schémas directeurs et d’investissement, on ne donne pas toujours de moyens suffisants aux exploitants : manque d’interconnexions, peu d’infrastructures nouvelles, programmes a minima de réduction de fuites... Il s’agit alors de fautes politiques majeures.

L’eau qui paye l’eau est sans doute un modèle à réformer, car des investissements massifs sont à prévoir.
Frank Galland , Experts français sur les questions sécuritaires liées aux ressources en eau
Mais n’oublions pas que le changement climatique induit aussi des phénomènes pluviométriques d’exception comme la tempête Alex l’a montré en octobre 2020. Des infrastructures robustes sont désormais nécessaires pour mieux gérer les inondations pluviales et leurs lourdes conséquences sur les villes. Notre modèle de résilience urbaine doit être repensé sérieusement sans rien s’interdire en termes de solutions techniques et technologiques. Mais le “drame” de la profession, c’est que l’eau ne se voit pas sauf quand le manque d’eau ou le trop d’eau s’exprime. Or, derrière la gestion de l’eau, il y a toute une ingénierie et un savoir-faire humain, dont nous pouvons être fiers, mais qui doit être mieux et plus souvent mis en lumière.
De la pédagogie est donc nécessaire pour dire que l’eau ne va pas de soi ? Que derrière cette ressource se cachent des métiers essentiels et de plus en plus complexes ?

Même en réformant et en investissant massivement sur l’eau, sans les hommes et les femmes pour exploiter, l’équation sera impossible à résoudre.
Frank Galland , Experts français sur les questions sécuritaires liées aux ressources en eau
Vous évoquiez la réutilisation des eaux usées. En France, nous sommes à moins de 1 %. Pourquoi ce retard ? Quels sont les pays les plus vertueux dans ce domaine ?
Quels sont les dangers encourus si les États ne se saisissent pas de cette question d’accès à l’eau ? Êtes-vous plutôt optimiste par rapport à cette prise de conscience ?
1) Robert Laffont, mars 2021.
2) CNRS Éditions, mars 2014.
3) Éditions Choiseul, janvier 2012.
4) CNRS Éditions, septembre 2008.
5) La destruction du barrage hydroélectrique de Kakhovka a lieu dans la nuit du 6 juin 2023, dans le contexte de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
6) Cette vaste étendue comprend l’Afrique du Nord, le Proche et le Moyen-Orient, la péninsule indienne, une partie de l’Asie centrale et la moitié septentrionale de la Chine.
7) Les pays du G5 Sahel sont les pays unis par une alliance stratégique et militaire destinée à combattre le terrorisme islamique. Parmi eux figurent la Mauritanie, le Niger et le Tchad.
8) United Nations World Water Development Report 2020.
9) Les usagers supportent, par leurs factures d’eau, l’essentiel des dépenses liées à la gestion de l’eau qu’ils consomment. Le budget des communes, pour les services de l’eau et de l’assainissement, doit être autonome, les recettes équilibrant les dépenses.
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