Alors que les effets du changement climatique accroissent la pression sur la ressource en eau, tant sur le plan qualitatif que quantitatif (vagues de chaleur et de sécheresse récurrentes, inondations, évènements météorologiques extrêmes, conflits d’usage), les défis à relever pour assurer un service d’eau et d’assainissement performant aux Français deviennent plus aigus et structurels : renouvellement des réseaux pour limiter les pertes en eau, recherche de ressources alternatives, traitement des micropolluants pour assurer une eau de qualité, lutte contre les inondations. Les besoins d’investissements supplémentaires s’élèvent à 15 milliards d’euros dans les cinq ans à venir uniquement pour rattraper le retard en matière de renouvellement des réseaux et de modernisation des infrastructures. Au-delà de ce retard, les impacts de la nouvelle réglementation à venir (DERU 2) tout comme les besoins afférents au traitement des micropolluants vont conduire la France, en particulier les collectivités, à investir pour répondre à ces nouvelles exigences réglementaires.
Pourtant, le prix de l’eau équivalent à 0,8% de la facture des ménages reste le plus bas des commodités (2% pour la téléphonie, et 4% à 5% pour l’énergie liée au chauffage). Il existe aujourd’hui un consensus sur le fait que ce prix et la structure tarifaire associée ne reflètent plus les investissements indispensables à engager pour assurer la pérennité des services de l’eau et répondre aux préoccupations grandissantes de la population.
Alors que la structure des charges des services d’eau et d’assainissement, qu’ils soient opérés par des acteurs publics ou privés, repose à 80%-85% sur des charges fixes incompressibles, indépendantes du volume distribué, les recettes reposent dans les mêmes proportions sur des éléments variables, à savoir les volumes d’eau consommés. Or, cette consommation ne cesse de diminuer, encouragée par des politiques de sobriété et une gestion plus raisonnée de la ressource. Si cette politique est évidemment pertinente sur le plan environnemental, elle trouve ses limites au regard du principe fondamental de « l’eau paie l’eau », qui stipule que les dépenses sont équilibrées grâce aux recettes perçues via les consommations.
Face au « mur d’investissements » à engager et alors que les recettes baissent, il est essentiel de repenser le modèle de financement des services d'eau et d'assainissement en France afin de relever les défis de l’eau d’aujourd’hui et dans les années à venir. Dans cette étude commune qui a mobilisé de nombreuses parties prenantes, SUEZ et la Fondation Jean Jaurès s’attachent à proposer des pistes de réforme concrètes s’échelonnant à long, moyen et court terme.