
L’adaptation au changement climatique passe par une gestion globale et plus durable de l’eau

Un cycle naturel de l’eau de plus en plus perturbé
Entre 2001 et 2018, plus de 70% des catastrophes naturelles dans le monde étaient liées à l’eau, notamment aux inondations ou aux sécheresses. Si ces évènements ne sont pas nouveaux, leur fréquence et leur intensité augmentent. Selon l’Organisation Météorologique Mondiale, 2024 marque la sixième année consécutive d’un cycle hydrologique erratique.
Selon les scientifiques, à l'échelle mondiale, les fortes précipitations s'intensifieront d'environ 7 % pour chaque degré de réchauffement climatique. Dans le même temps, la demande en eau douce pourrait dépasser de 40% les ressources disponibles dès 2030. Et le changement climatique pourrait aussi impacter durablement la qualité de ces ressources, en modifiant la température de l’eau, ou encore sa concentration en polluants du fait d’une moindre dilution.
Une ressource vitale qui doit être au cœur des stratégies d’adaptation au changement climatique
Face à ces constats, préserver les ressources en eau douce est plus que jamais une priorité pour les territoires. Car c’est à l’échelle locale que les solutions doivent être mises en œuvre. L’eau doit pour cela être au cœur de toutes les stratégies d’adaptation au changement climatique, aussi bien des acteurs publics que privés. L’accès à un approvisionnement en eau pérenne est non seulement vital pour les populations et la cohésion sociale, mais il conditionne aussi le développement de l’agriculture et des industries.
Une gestion concertée, structurelle de l’eau est indispensable au niveau de chaque territoire pour anticiper les crises et prévenir les conflits d’usage entre les différents acteurs. Elle requiert la mobilisation de tous, pouvoirs publics, collectivités locales, associations, entreprises et citoyens, car elle est une condition de la résilience collective.
Des solutions déjà matures pour renforcer la résilience hydrique
S’adapter, c’est gérer l’inévitable, composer avec l’incertitude créée par un cycle de l’eau déréglé et des impacts déjà bien réels. Des actions peuvent d’ores et déjà être mises en œuvre à chaque étape du cycle de l’eau.
- Etablir un diagnostic au niveau du territoire pour comprendre les risques auxquels il est exposé, ses vulnérabilités, et mieux comprendre les impacts du changement climatique sur les ressources en eau locales. C’est l’objet, par exemple, de la solution Climatics développée par les équipes Consulting de SUEZ, afin d’apporter aux territoires un accompagnement sur-mesure dans leur stratégie d’adaptation.
- Préserver les nappes phréatiques grâce à la Recharge Maitrisée des aquifères. Cette solution, qui s’inspire du cycle naturel de l’eau, consiste à introduire de l’eau douce dans une nappe phréatique pour restaurer ou augmenter les volumes d’eau disponibles et/ou préserver la qualité de l’eau. Elle est mise en œuvre par exemple à Hyères, dans le cadre du programme Aqua Renova visant à assurer une meilleure gestion des prélèvements dans les nappes phréatiques de l’île, et restaurer la nappe alluviale du Bas-Gapeau. Ce projet, ainsi que la modernisation du réseau de distribution, a permis à la ville de retrouver 88 % d’autonomie en eau.
- Renforcer la lutte contre les fuites dans les réseaux d’eau. Au niveau mondial, 30% de l’eau potable produite se perd dans les réseaux. On sait aujourd’hui exploiter le potentiel des solutions digitales, et notamment de l’intelligence artificielle pour mieux détecter les fuites, pouvoir les réparer plus rapidement, mais aussi les anticiper en agissant avant qu’une casse sur le réseau ne se produise. A Macao, l’une des villes les plus densément peuplées au monde, le déploiement de solutions digitales a ainsi permis de réduire le taux de fuite des réseaux d’eau potable à 7,7%, bien au-dessous de la moyenne asiatique.
- Mobiliser des ressources alternatives pour limiter les prélèvements d’eau douce, comme la réutilisation des eaux usées ou le dessalement d’eau de mer.
Les eaux usées traitées peuvent être une ressource alternative, durable et fiable, utilisée pour des usages ne nécessitant pas la qualité « eau potable » Par exemple le nettoyage des voiries, l’irrigation agricole, les processus industriels… La future station d’épuration Haliotis 2 à Nice permettra ainsi de recycler 5 millions de m3 par an, soit la totalité des besoins pour l’arrosage des espaces verts et le nettoyage des voiries de la ville.
L’eau de mer dessalée est une autre ressource alternative, qui peut être utilisée pour la production d’eau potable en continu dans les régions déjà fortement touchées par le stress hydrique, ou constituer une ressource d’appoint, mobilisée en cas de sécheresse. Elle peut aussi être utilisée pour la production d’eau pour des usages industriels.
- Prévenir les risques grâce aux solutions digitales ou aux Solutions fondées sur la Nature
En s’appuyant sur les données météorologiques, les informations issues des capteurs sur les réseaux d’assainissement, et des algorithmes d’intelligence artificielle, on peut anticiper et prévenir les impacts des fortes pluies sur les systèmes d’assainissement, et mobiliser de manière optimale les capacités de stockage du réseau. Les solutions digitales permettent aussi de prévoir les risques de submersion marine sur les littoraux.
Enfin, le fonctionnement naturel des écosystèmes peut être une source d’inspiration, pour renforcer la capacité d’un territoire à résister aux évènements climatiques extrêmes. Par exemple, réaménager les berges d’une rivière pour prévenir ses crues, restaurer une mangrove pour atténuer l’impact des tempêtes sur le littoral, ou encore aménager des zones humides pour réguler les inondations.
S’il n’y a pas de solution unique, chacune de ces solutions peut s’intégrer dans une stratégie de long terme pour préserver les ressources en eau, et contribuer à la résilience des territoires face au changement climatique
Quelques exemples concrets


